Mali – Femme Paix et Sécurité : campagne de sensibilisation capitale du réseau Musonet sur la Résolution 1325

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Après les étapes de Gao, Mopti et Koulikoro, les deux rives gauche et droite de Bamako ont reçu la campagne de sensibilisation et d’information sur la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, organisée par le réseau de Développement et de Communication des femmes Maliennes (Réseau MUSONET). L’objectif général de ce projet est d’améliorer les capacités de FEMNET et de ses membres pour informer, mobiliser et connecter les femmes et les filles africaines en vue de la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. C’est aussi renforcer les connaissances et les capacités des femmes sur la Résolution 1325 pour leur participation dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits et dans le maintien de la paix.
Rappelons que cette Résolution a été adoptée le 31 octobre 2000 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour « Femme Paix et Sécurité » tout en portant une attention particulière sur l’impact des conflits et sur le rôle qu’elles jouent en tant qu’actrices de paix. C’est dans ce contexte que le Centre national de documentation et d’information pour la femme (CNDIFE) qui a abrité, le jeudi 17 mars 2022, une conférence-débat pour la cérémonie de ladite campagne à l’intention des femmes de la rive gauche. Elle a enregistré la présence du représentant du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, d’une centaine de femmes dont des leaders, de la présidente du réseau MUSONET et du représentant de Madame le maire de la Commune III. La même cérémonie a été organisée le vendredi 18 mars à la maison de la Femme de la rive droite. C’etait en présence de la directrice de la promotion de la Femme, de l’Enfant et de la famille, du représentant du maire de la commune V, des notabilités et chefs coutumiers, des présidentes des organisations féminines et plus d’une centaine de femmes.
Cette Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies stipule qu’il faut ces 4 piliers : la prévention des conflits, la protection des femmes et filles, la participation des femmes dans le processus de paix et sécurité et le secours et relèvement. C’est dans ce sens que les deux journées ont été marquées par de conférences-débats pour le renforcement des connaissances et des capacités des femmes maliennes sur la Résolution 1325.

Dans son intervention, la présidente du réseau MUSONET a affirmé que la paix ne peut être durable sans que les femmes ne soient pas être pleinement engagées dans la construction de cette paix. « Pour que la paix soit durable, les femmes doivent être pleinement engagées dans sa construction », a-t-elle déclaré. Madame Doumbia Mama Koïté a toutefois invité le Gouvernement et les Autorités nationales, locales et internationales à sortir des discours et slogans pour traduire en actions leurs engagements. Elle a terminé par exprimer la gratitude du réseau MUSONET à ses partenaires techniques et financiers (l’Union européenne, FEMNET et OXFAM pour leur soutien important, pluriannuel au profil des organisations féminines au Mali.

L’ENJEU EST CAPITAL AU MALI, C’EST POURQUOI CETTE CAMPAGNE DE SENSIBILISATION EST AUSSI CAPITALE POUR LE PAYS !

Le Mali traverse depuis 2012 et encore le conflit le plus tragique de son existence. Des groupes rebelles (MNLA, HCUA, le MIA, le MUJAO, Ansar Dine et AQMI) ont occupé les 2/3 du territoire national septentrional. Ils se sont adonnés à toutes les formes de violation des droits humains. En effet les femmes et les enfants ont payé le plus lourd tribut de la situation d’insécurité sur l’ensemble du territoire et particulièrement dans les régions du nord qui ont subi l’occupation barbare et sanguinaire des mouvements armés djihadistes et sécessionnistes. Près de 300 000 personnes dont 75% sont des femmes et des enfants ont fui les régions du Nord et du Centre vers le sud et les pays voisins devenant ainsi des déplacés internes et des refugiés. Parmi les conséquences de la crise sur les femmes, les violences sexuelles sont de loin les plus dévastatrices. Elles ont pris des formes atroces et une ampleur jamais connue auparavant dans notre pays le Mali. Au-delà de ces violations des droits humains des femmes, la crise malienne a eu des conséquences économiques graves sur les femmes des régions concernées. Elles ont perdu toute leur autonomie financière et économique. Toutes ces exactions, crimes et autres violations des droits des femmes et des enfants observés pendant la crise malienne viennent confirmer une fois encore qu’ils sont les victimes privilégiées des conflits armés. Cependant, malgré ce constat, leur implication dans le processus de recherche et de consolidation de la paix au Mali reste marginale contrairement aux recommandations du programme « Femme Paix et Sécurité » des Nations Unies.

Le Mali a également adhéré aux Résolutions 1325,1820, 1888 et 1889 du Conseil de sécurité des Nations unies relatives à l’implication, et à la protection des droits des femmes en période de conflit. La Résolutions 2100 adoptée le 21 Avril 2013 et la Résolution 2164 adoptée le 25 Juin 2014 du Conseil de Sécurité ont condamné fermement les atteintes aux droits de l’homme et les actes de violences commis sur les populations civiles notamment les violences sexuelles et sexistes des femmes et des enfants. La mise en œuvre des recommandations des différentes Résolutions des Nations Unies est indéniable. Malgré les immenses actions et en dépit de nombreux instruments juridiques relatifs aux droits des femmes ratifiés par le Mali, la participation des femmes aux différents processus de dialogue politique reste malheureusement toujours faible notamment au sein des instances de prise de décision comme pendant les Négociations d’Alger de l’Accord pour la Paix et même dans l’équipe de Médiation. Ce fait est en contradiction avec la Résolution 1325 du CSNU en matière de participation des femmes dans la prévention, la gestion, le règlement des conflits et la consolidation de la paix. Il est établi selon un constat que la gestion post-crise constitue une période opportune au changement pour faire avancer les droits des femmes, gage d’une plus grande justice sociale, d’une gouvernance participative et d’accès de plus de femmes aux dividendes de la paix et du développement global. La Femme malienne a toujours été une actrice incontournable dans la gestion des crises aussi bien au niveau de la famille qu’au niveau de la communauté et voire de la Nation. Leurs priorités ont été très peu ou pas prises en compte dans les débats ayant conduit à l’Accord pour la paix malgré le plaidoyer mené par les femmes elles-mêmes, appuyé par les partenaires au niveau régional et international. La Résolution 1325 est basée sur la mise en œuvre des concepts de prévention, de protection, de participation, de plaidoyer et de coordination et engage les États membres à accroître la représentation des femmes à tous les niveaux de prise de décisions dans la prévention des conflits, leur gestion et leur règlement et augmenter l’assistance aux femmes et aux organisations de femmes militant pour la paix. Bientôt 6 ans la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du Processus d’Alger et force est de constater que les maliennes et les maliens ne jouissent toujours pas des dividendes de la paix promise. Pour que la paix soit durable, les femmes doivent être pleinement engagées dans sa construction. Le plan d’Action National du Mali pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (PAN 1325) constitue le cadre référentiel par une prise en compte des droits et besoins spécifiques des femmes et des filles et l’inclusion de la perspective du genre, dans le processus de paix et sécurité au Mali.
Il traduit l’engagement du Gouvernement Malien à atteindre l’égalité des sexes ainsi que la participation effective des femmes à tous les niveaux du traitement des conflits et de la recherche de la paix sur toute l’étendue du territoire national. Il sera bénéfique d’inclure une réponse aux problèmes émergents tels que l’impact du radicalisme sur les femmes et les filles. La nomination de 9 Femmes au sein de la CSA est quand même saluée. Mais, d’autres mécanismes de suivi de l’Accord méritent d’inclure des femmes.

Toutes ces préoccupations et recommandations de la Résolution 1325 témoignent le combat et l’engagement du réseau de Développement et de Communication des femmes maliennes (Réseau MUSONET), sous la houlette de Madame Doumbia Mama Koïté, dans ses activités de plaidoyer et de renforcement des capacités pour le bonheur des femmes au Mali.

Nia Dialla KEITA

Nia Dialla
Nia Diallahttps://actu-globe.com
Promoteur et Directeur, Nia Dialla KEITA est un enseignant journaliste, spécialiste des langues française et anglaise. Il dirige la rédaction de la presse en ligne “actu-globe.com”, un site web malien d'informations générales pour le Monde. Tel: (+223) 74 73 31 29 / 69 66 46 37

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