Dans le but d’apporter un éclairage sur les problèmes d’assainissement actuels, de cerner les lacunes et de permettre aux institutions de jouer pleinement leurs rôles et responsabilités, l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR) et le Groupe de recherche en économie appliquée et théorique (GREAT), à travers la Politique africaine d’assainissement / Lignes directrices (ASPG), ont réalisé une étude d’évaluation des Politiques et activateurs d’assainissement en Afrique de l’Ouest dont le cas au Mali. Parmi les lourdes tâches, le rapport d’évaluation soulève d’énormes inquiétudes et appelle les acteurs à jouer pleinement leurs rôles et responsabilités. L’objectif de ce travail est d’identifier l’ensemble des documents de planification et des lois et règlements encadrant la gestion de l’assainissement au Mali.
Selon le rapport d’étude, l’approche méthodologique utilisée pour faire cette évaluation s’inspire de la méthodologie proposée par AMCOW dans le rapport d’évaluation des politiques d’assainissement en Afrique (2019) mais aussi de la méthodologie proposée dans le document des ASPG parce que ces lignes directrices offrent des orientations sur l’élaboration de politiques d’assainissement qui couvrent tous les types et situations de peuplement, allant du milieu urbain au milieu rural en passant par les zones périurbaines et les petites villes. L’assainissement à tout niveau et en toute situation y est traité, ménages, institutions (telles que les écoles et les formations sanitaires), établissements commerciaux, lieux publics (tels que les marchés et les terminaux de transport public) et situation d’urgence.. Cette méthodologie s’est concentrée essentiellement sur deux grandes phases qui sont : Analyse documentaire des politiques d’assainissement et Sources documentaires et de données. Dans les deux grandes phases, au moins une vingtaine de points essentiels ont été étudiés. Parmi ces points, nous avons : le Cadre juridique, les Agences chefs de file de l’assainissement, les Rôles et responsabilités institutionnels, les Niveaux de service d’assainissement, l”équité et l’inclusion, les Considérations relatives à la santé et à l’environnement, les Règlements, le Financement et recouvrement des coûts et la Surveillance et examens périodiques, les étapes de cadrage opérationnel, de collecte et de traitement des données, le Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté, la Stratégie relative au Programme gouvernance, le Programme Conjoint d’Appui à la GIRE (PCA-GIRE) etc. Cependant, le rapport d’étude estime qu’il y a lieu de faire le point de l’état d’accès des populations aux services d’assainissement au Mali. Les résultats des enquêtes MICS-Mali 2015 et EDS-Mali 2018, estiment les ménages disposant de toilettes améliorées et non partagées avec d’autres ménages à 33% et donc près 67% des ménages du pays n’en disposent pas ou se partagent les ménages ruraux disposant de tels ouvrages à 28% contre 53% pour le milieu urbain les ménages disposant de lieux spécifiques de lavage des mains, avec de l’eau ou du savon à 29% voire 14% selon les sources.
Au cours de cette étude d’évaluation, l’accent a ainsi été mis sur les les rôles et responsabilités institutionnels. Il s’agissait surtout de faire l’analyse documentaire de l’évaluation des politiques d’assainissement, qui va se focaliser d’abord sur la collecte et l’analyse des documents clés c’est-à-dire la Politique nationale de l’assainissement et ses 5 stratégies, les rapports d’évaluation, des politiques d’assainissement dans d’autres secteurs comme la santé et l’éducation, et des rapports de mi-parcours des politiques et programmes. Ces documents pourront permettre aux acteurs d’accéder aux données disponibles sur la couverture en eau, hygiène et assainissement sur toute l’étendue du territoire, de connaître les différents indicateurs, d’avoir des informations sur les impacts des différents projets et programmes réalisés et de connaître la part de l’assainissement dans les dépenses du Gouvernement ainsi que la répartition de ces dépenses d’assainissement. Ces mêmes documents pourront couvrir les cadres politiques, réglementaires, juridiques, institutionnels, etc.
Selon le rapport d’évaluation, les rôles et responsabilités institutionnels décrivent les services de divers aspects du secteur de l’assainissement aux niveaux national, urbain, périurbain et local et les rôles des parties prenantes. Ces institutions comprennent les prestataires de services, les organismes de réglementation et d’application, les autorités locales, le secteur privé, les institutions de la société civile, les organisations communautaires et les ONG. Un manque de rôle et de responsabilité institutionnel solide et clair s’est avéré être une cause de nombreux échecs dans la chaîne de valeurs de la prestation de services d’assainissement (confinement, captage, traitement, réutilisation, élimination) et une raison majeure d’un assainissement inadéquat pour les personnes non desservies ou mal desservies et les groupes situés dans des zones géographiques difficiles d’accès.
Pour atteindre les objectifs au Mali, il urge que les plus hautes autorités du pays adoptent la nouvelle Politique nationale d’assainissement (PNA) qui, selon nos informations, est depuis plusieurs années sur la table du Gouvernement sans issue favorable. Il en est de même avec la nouvelle Politique nationale de l’eau (PNE). Les deux anciennes politiques étant caduques, la validation politique de ces deux nouvelles politiques reste vivement attendue et réclamée aujourd’hui par les acteurs.
Nia Dialla KEITA
