Gao : plus de 4 mille déplacés dont des enfants souffrent de malnutrition depuis 09 à 10 mois

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Image des déplacés internes de Gao à Bagoundie (OIM)

C’est la situation déplorable que vivent des déplacés internes à Gao en cette fin d’année 2023. Parmi ces victimes, figurent des enfants de 0 à 5 ans. En publiant ces informations, nous avons pris le soin de rencontrer un responsable de l’ONG Stop Sahel dans le cadre d’un entretien pour la véracité des faits dans la vie quotidienne des personnes vulnérables dans la Cité des Askia. En effet, dans ces dix dernières années au Mali, force est de souligner que la situation nutritionnelle reste préoccupante. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle a été favorisée depuis 2012 dans notre pays par la crise multidimensionnelle que traversent les régions du Mali dont celle de Gao, au nord. Ces déplacés internes de Gao vivent dans ces sites depuis février 2023 à nos jours (novembre 2023).

Le Mali fait face à la pire crise alimentaire et nutritionnelle des dix dernières années. Fin 2021, le cadre harmonisé estimait que 1,2 million de personnes étaient en crise alimentaire au Mali, et les projections prévoyaient une hausse de ce nombre à 1, 8 million d’ici la période de soudure agricole de l’année 2023. Cette augmentation risque d’être plus importante et plus rapide qu’anticipé dans les zones affectées par des soudures pastorale et agricole précoces du fait de l’épuisement accéléré des stocks, du renouvellement inégal des pâturages, d’une hausse inhabituelle des prix, et de l’impact de l’insécurité. Les régions les plus touchées sont principalement, à l’exception du Nord de Koulikoro et Kayes, des zones affectées à la fois par l’insécurité et la mauvaise répartition des pluies dans ces 3 dernières années. Il s’agit en particulier des zones du Centre et du Nord, frontalières avec le Burkina Faso et le Niger.

La situation sécuritaire demeure une préoccupation majeure pour les ménages dans l’ensemble du pays et en particulier dans les régions du Nord et du Centre. Au total, on note 530 incidents sécuritaires qui ont touché 913 victimes, selon l’enquête nutritionnelle SMART rapide. Cette mauvaise situation alimentaire a pour conséquences aujourd’hui le manque de vitamines et du développement potentiel dans le corps de millions de personnes dont des enfants de 0 à 5 ans, une couche principale que vise le programme Right2Grow (Droit de Grandir) pour relever le défi.

Du point de vue disponibilité, l’approvisionnement en denrées alimentaires sur les marchés reste relativement suffisant dans l’ensemble. Dans les zones d’insécurité, certains marchés sont perturbés, réduisant ainsi leurs niveaux d’approvisionnement. Le niveau d’approvisionnement est insuffisant dans les Régions de Ménaka et Gao (Sud de Gao et Ansongo). L’ordre de classement des principales sources de revenus n’a pas connu de changement entre le quatrième trimestre de 2022 et le premier trimestre de 2023. La vente des produits agricoles, les petits métiers et le commerce sont les trois premières sources de revenu pour les ménages. En outre, les activités telles que, le travail salarié, l’élevage et le travail journalier occupent des parts non négligeables dans la proportion des sources de revenu des ménages.

D’après toujours les résultats de l’enquête nutritionnelle SMART rapide réalisée au 1er trimestre 2023, la situation nutritionnelle chez les enfants de 6-59 mois dans certaines parties du pays est : Critique dans tous les sites PDI de Bamako, GAO et Ménaka (MAG > 15% et MAS > 2%) et dans le Cercle d’Ansongo (19,7% de MAG et 4,8% de MAS); précaire dans les Cercles de Bankass, Gao et Nioro (MAG ≤ 9% et MAS < 2%); préoccupante dans le Cercle de Dièma (10,4% de MAG et 2,1% de MAS).

Ces déplacés internes sont des Communes de N’Tilite et de Labezanga. Situés dans la banlieue de Gao, les sites de Bagoundié et de Anoura comptent chacun plus de 1000 habitants alors que celui de Boulgoundié accueille plus de 2000 personnes. Ils sont en général des éleveurs, des cultivateurs, des artisans et des pêcheurs. Ils vivent des moments très difficiles car ce sont des déplacés qui ont abandonné tout sur place. En se sauvant, ils sont venus dans ces sites dépourvus de tout. Selon l’ONG Stop Sahel, ces déplacés sont venus s’installer sur des sites provisoires, expliquant qu’ils occupent des espaces appartenant notamment à des privés. Ce sont aujourd’hui des personnes qui manquent un peu de tout dont l’alimentation, l’eau, l’assainissement, la santé, l’école etc. Les latrines font également défaut ou il n’y en a pas pratiquement dans ces sites. Du reste, de toute urgence, la priorité pour ces déplacés est aujourd’hui de trouver quoi à manger ? À cette situation intenable pour ces personnes vulnérables, s’ajoute la flambée des prix des denrées alimentaires dont le sac de 50 kilogrammes est vendu de nos jours à 43 000 francs CFA.

CONDITIONS DE VIES ADEQUATES– L’insécurité alimentaire associée aux problèmes d’anémie, d’accès insuffisant à de l’eau potable et de propagation de maladies infantiles telles que la diarrhée, les infections respiratoires aigues, le paludisme ou encore la rougeole, entraînent une hausse inquiétante des niveaux de malnutrition aiguë à travers le pays. Le nombre d’enfants de 6 à 59 mois souffrant de malnutrition aiguë devrait ainsi augmenter de 53% comparativement à l’année dernière atteignant 1,2 million d’enfants entre septembre 2021 et août 2022. Parmi eux, les cas de malnutrition aigue sévères (MAS) devraient augmenter de 48% atteignant 309 824 enfants.

Dans ces 03 sites à Gao, ce sont aujourd’hui des gens en manque de tout et sont sans sources de revenus. Après avoir abandonné tout chez eux, ils sont dans une ville où ils sont complètement désorientés, n’ont rien à faire et n’ont rien amené avec eux. C’est exactement l’explication alarmante de leur triste histoire de déplacés internes, installés avec toutes les conséquences du monde à Gao. L’une de leurs recommandations est d’avoir des sites sécurisés et durables avec des conditions de vies adéquates pour tous les déplacés, à travers le soutien de l’État malien et l’accompagnement des partenaires du Mali.

De nos jours, des partenaires ONG nationales et internationales au Mali comme le PAM, l’OIM, l’UNICEF, le Stop Sahel, l’OXFAM et ACF sont dans ces zones en faisant leur mieux pour surtout des cas urgents. À la date de novembre 2023, c’est le cri de cœur suite à la détresse de ces déplacés internes de Gao, qui ont tout perdu en abandonnant leurs biens et leur travail dans leurs propres villages.

Pour bien répondre à leurs sollicitations, les partenaires ONG nationales et internationales, la société civile et tout autre acteur devraient mutualiser davantage leurs efforts et coordonner leurs appuis afin que le défi de la malnutrition sous toutes ses formes soit relevé dans nos localités.

Nia Dialla KEITA

Nia Dialla
Nia Diallahttps://actu-globe.com
Promoteur et Directeur, Nia Dialla KEITA est un enseignant journaliste, spécialiste des langues française et anglaise. Il dirige la rédaction de la presse en ligne “actu-globe.com”, un site web malien d'informations générales pour le Monde. Tel: (+223) 74 73 31 29 / 69 66 46 37

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